Carnet de voyage : Sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle
du Puy-en-Velay à Cahors
par Olivier, le 24/09/24
Un chemin jacquaire n’est pas un simple itinéraire de randonnée, c’est un voyage intérieur, que chacun abordera à sa manière. Pour Aurore, Denis et Florence, ce périple les a transformés, chacun à leur manière. Au départ du Puy-en-Velay, chacun avait ses propres objectifs tout à fait personnels…Pour autant, tous trois ont vécu des expériences riches, de celles qui nous marquent et nous habitent durablement.
À travers leurs témoignages, découvrez ce que peut être une aventure sur ce chemin historique, un chemin qui offre à chacun la possibilité de se reconnecter à soi, aux autres et à la nature… une parenthèse pour se retrouver et grandir, selon ses aspirations.
Le Départ – Du Puy-en-Velay à Saint-Privat-d’Allier (24 km)
Chacun de nos trois pèlerins en herbe a commencé son aventure au Puy-en-Velay, lieu riche en histoire et chargé de spiritualité, s’il en est. Chacun a pu ressentir au moment du départ ce mélange d’émotions intenses, entre excitation et appréhension.
Aurore se rappelle ses tout premiers pas sur le chemin… elle ne se doutait pas de la tournure que prendrait la suite de l’aventure :
« En 2013, je me disais ‘Un jour, à la retraite, je ferai le chemin’. Finalement, à 36 ans, je me suis lancée, sur un coup de tête. Marcher seule pendant quelques jours était devenu un rituel de vacances. Chaque année, je repartais là où je m’étais arrêtée, et au fil du temps, c’est devenu bien plus qu’une simple randonnée. En 2021, une marche de 11 jours s’est transformée en un voyage de 6 semaines jusqu’à Saint-Jacques. Le chemin m’a appris à écouter mon cœur, à goûter l’équilibre entre donner et recevoir, et à me connecter à la vie. »
Aumont-Aubrac – Sur les Plateaux (14 km)
Après plusieurs jours de marche, ils ont atteint les vastes plateaux de l’Aubrac. Les paysages y sont infinis, les troupeaux de vaches paissent tranquillement, et l’air est pur. Le sentiment de liberté est immense bien que l’effort de la marche rende le corps un peu douloureux.
Denis se souvient bien de cette partie du chemin, mais pour lui, il pris une résonance bien particulière :
« En 2017, j’ai fait le chemin à rebours, en partant de Saint-Jean-Pied-de-Port. L’impression de marcher à contre-courant était agréable, surtout quand les pèlerins me disaient : ‘Vous vous trompez de sens !’. Mais non, il n’y a pas de bon ou de mauvais sens. Comme la vie, le chemin prend le sens qu’on veut lui donner. Ce que je retiens, c’est la générosité de ce parcours. Entre les figuiers, les prunes, les pêches qui nous attendaient à chaque village, on se sentait riche, vraiment riche. »
L’Arrivée à Conques (38 km)
L’arrivée à Conques est un moment chargé en émotions pour tout pèlerin. Ce village médiéval, véritable perle nichée au creux des collines, offre au randonneur sa quiétude et la beauté de son abbaye. Celle-ci vous invite au recueillement.
Florence a ressenti profondément l’impact spirituel du chemin :
« Il existe des lieux choisis par Dieu pour que l’on y ressente sa présence, et le chemin de Compostelle en fait partie. En partant, j’étais une simple randonneuse, mais je suis revenue pèlerine. Le chemin est un exercice spirituel, une rencontre avec soi-même, où nos pas labourent notre âme. J’ai découvert que marcher, c’est faire l’éloge de la lenteur, se reconnecter à notre véritable être. Le chemin m’a permis de guérir, de retrouver une forme de liberté intérieure que je n’avais plus ressentie depuis longtemps. »
Trois Chemins, Trois Expériences
Après Conques, nos trois marcheurs ont choisi des itinéraires différents pour poursuivre leur voyage.
Aurore a poursuivi le GR65, suivant un rythme « classique ». Chaque étape amenait avec elle son lot de découvertes et d’introspection. Elle a retrouvé ce qu’elle appelle « l’équilibre entre donner et recevoir », vivant chaque jour comme une opportunité d’ouvrir son cœur et d’embrasser la vie dans toute sa complexité.
Denis, quant à lui, a emprunté la variante passant par Rocamadour.
« Passer par Rocamadour, c’était comme entrer dans un autre monde. Ce lieu accroché à la falaise est un appel à la contemplation. J’ai pris le temps de m’y arrêter, de me laisser imprégner par l’histoire de ce village, avant de reprendre la route vers Cahors. »
Florence a opté pour la vallée du Célé, un itinéraire moins fréquenté, mais tout aussi puissant spirituellement.
« La vallée du Célé est une retraite en soi. La marche y est plus silencieuse, plus intime. Ce détour m’a permis de me reconnecter encore plus profondément à ce que le chemin avait à m’offrir : du temps pour moi, pour réfléchir et guérir. »
L’Arrivée à Cahors
Après plusieurs semaines de marche, tous trois se sont retrouvés à Cahors, chacun marqué à sa manière par le chemin parcouru. Aurore, Denis et Florence ont vécu une aventure unique, faite de rencontres, de découvertes et de moments de réflexion.
Pour eux, le Chemin de Compostelle n’est pas seulement une randonnée, c’est une aventure personnelle, une occasion de renouer avec soi-même et le monde qui nous entoure.
Aurore l’exprime bien :
« Le Chemin de Saint-Jacques, c’est une sacrée aventure, mais surtout une aventure sacrée. »
Que vous choisissiez de suivre le traditionnel GR65 dans son intégralité, d’emprunter la vallée du Célé, ou de passer par Rocamadour, une chose est certaine : après cette aventure, vous ne serez plus le même.
Alors, prenez vos chaussures, votre sac… Laissez-vous porter afin de savourer ce que le chemin a à vous offrir.